La sécheresse et l’appauvrissement des sols sont des problèmes récurrents dans l’Anti-Atlas et tendent à s’intensifier suite aux changements climatiques. La pauvreté et la dégradation de l’environnement qui en résultent sont à l’origine d’un projet de formation aux pratiques de l’agroécologie.
A l’origine de ce projet, Migrations & Développement, une ONG de développement rural intervenant dans les régions de Souss-Massa et du Drâa Tafilalet. Les formations ont été mises en place depuis fin 2015 au profit d’une soixantaine d’agriculteurs dans les communes rurales d’Assaisse (Taroudant) et Arbâa Sahel (Tiznit). Un autre projet est en cours de préparation à Taliouine.
Ces formations sont assurées par 3 formateurs indépendants ayant suivi une formation en agroécologie dispensée par Terre et Humanisme Maroc. M&D est chargé de la coordination et du suivi des formations. Ce projet vise à développer et à diffuser les pratiques agroécologiques auprès des paysans pour qu’ils puissent pratiquer une agriculture productive et saine. Les pratiques enseignées touchent plusieurs aspects comme la fabrication du compost pour rendre les sols plus fertiles et améliorer la production. La formation apprend aux agriculteurs comment créer une pépinière et réaliser ses semis en fonction du climat local, ainsi que la production et la conservation de ses propres semences pour garantir l’autonomie et cultiver des variétés adaptées au climat. D’autres techniques enseignent la préparation des fertilisants et insecticides naturels. Les agriculteurs apprennent également la mise en place des rotations de culture et l’association des cultures pour éloigner les ravageurs et optimiser les surfaces cultivées. D’autres techniques associées à l’arboriculture et l’apiculture font aussi partie de la formation. Dans ce sens, trois parcelles pilotes ont été mises en place dans les communautés rurales d’Assaisse et Askaoun et Arbaa Sahel. Ces parcelles pilotes servent à la fois à la formation sur le terrain et à l’expérimentation. La femme rurale n’est pas en reste dans ce projet de formation. Migrations & Développement intègre l’approche genre dans l’ensemble de ces activités. A Arbâa Sahel, des formations sont dispensées à une trentaine de femmes, très motivées. «Pour répondre à cette motivation, nous sommes actuellement en recherche de financement pour pouvoir mettre en place un programme de formations plus complet nommé «femmes semencières» ayant pour but d’augmenter l’autonomie des femmes en leur permettant de produire et de cultiver leurs propres semences», affirme Tanguy Cagnin, chef du pôle Agriculture et Environnement à M&D. Un nouveau programme a débuté dans la commune rurale d’Askaoun, à Taroudant courant septembre. Ces formations sont destinées à une trentaine de paysans, hommes et femmes réunis, ce qui représente une petite révolution dans le milieu rural. Ce programme fait suite à un projet de retenue collinaire mis en place par M&D en 2013 qui a permis aux villageois d’améliorer leur accès à l’eau pour l’irrigation. «Ces formations ayant été lancées il y a moins d’un an, les impacts n’ont pas encore pu être définitivement établis. L’évaluation est en cours sur les sites d’Arbâa Sahel et d’Assaisse pour identifier ce qui a fonctionné et les limites de ces formations», assure Tanguy Cagnin. En tout cas, le constat que les pratiques de l’agroécologie permettent d’améliorer la production des agriculteurs. A Arbâa Sahel, une 4e culture a été entamée sur une seule année contre 2 cultures au maximum réalisées habituellement. Avec des sols plus riches et plus fertiles, les plantes sont en meilleure santé et résistent plus facilement aux problèmes de sécheresse. La prochaine étape consiste à valoriser les fruits et légumes, produits via les pratiques agro-écologiques enseignées. Le but est d’augmenter le revenu des paysans et de montrer aux jeunes des villages que l’autonomie alimentaire est possible, tout en participant à la préservation de l’environnement.
De l’agroécologie à la coopérative
Ces formations en agro-écologie ont permis de créer une véritable dynamique au sein du village de Arbâa Sahel. C’est ainsi qu’est venue l’idée de créer une coopérative agricole au sein de la communauté bénéficiaire, tout comme le projet de réalisation d’un puits collectif. A Assaisse, les paysans qui suivent la formation sont regroupés en une coopérative agricole. C’est dans ce sens qu’un projet d’unité de valorisation des amandes est à l’étude par Migrations & Développement, dans le cadre du programme de développement local intégré par l’économie sociale et solidaire.
Par Sabrina BELHOUARI | Edition N°:4930 Le 03/01/2017
http://www.leconomiste.com/article/1006839-agroecologie-les-formations-demarrent-dans-le-souss